L’ostéopathie selon Pierre TRICOT

11154254_10206756898419698_1085935336_o« L’ostéopathie, ce n’est pas n’importe quoi. Un ostéopathe, ce n’est pas n’importe qui. Il doit avoir un niveau éthique et un regard autre sur l’Homme…»

C’est lors de cette belle journée du 1er Avril dernier que la FédEO s’est déplacée à Granville pour aller à la rencontre d’un ostéopathe bien connu : Pierre TRICOT.

Nous avons eu la chance de voir un homme chaleureux, accueillant, humble et accessible qui nous a fait l’honneur de nous expliquer le déroulement de sa carrière et l’évolution de l’ostéopathie depuis sa naissance en France jusqu’à aujourd’hui. Cette rencontre était l’occasion de renouer, l’espace de 2 heures, avec les fondamentaux de l’ostéopathie.

Parlons d’abord de l’homme.

Pierre Tricot est un ostéopathe normand d’origine parisienne. Il est connu notamment pour le développement du concept d’approche tissulaire et pour la traduction des travaux d’Andrew Taylor Still (qui feront l’objet d’un prochain article).

Titulaire d’un diplôme de kinésithérapeute en 1969, il se forme à l’ostéopathie pour la pratiquer en 1971 sur les conseilsde Michel Sanchez, alors kinésithérapeut à Saint-Germain en Laye. 

Il reçoit l’enseignement de Francis Peyralade et René Quéguiner tous deux élèves directs d’Harold Magoun, de Viola Frymann et de Tom Schooley.
Ce qu’il est important de savoir sur cette période, c’est que l’ostéopathie n’avait rien de ce qu’elle a aujourd’hui que ce soit en termes de renommée que de reconnaissance.

« A cette époque, la population n’avait aucune idée de ce qu’était l’ostéopathie, c’était inconnu. »

La méconnaissance autour de cette thérapie manuelle naissant dans le paysage de la santé aurait été à l’origine d’une certaine méfiance de la part des patients.

« Au début, on n’osait même pas dire que l’on faisait de l’ostéopathie.»

Ce qui est chose étonnante puisqu’on ne trouvait pas d’ostéopathe sans formation au moin para-médicale. En effet, il faut préciser qu’à cette époque l’ostéopathie était pratiquée par des professionnels de santé (Kinésithérapeutes principalement).
Il faudra attendre le milieu des années 80 pour que l’ostéopathie émerge au grand public.

La profession progressant, c’est en 1964 que la formation des non-médecins débute. Ces formations étaient animées sous forme de stages. C’est donc au contact de Viola Fryman, Harold Magound et Thomas Scouley que Pierre Tricot débuta son apprentissage de l’ostéopathie.

« Si je n’avais pas rencontré Viola Frymann, je n’aurais peut-être pas continué en ostéopathie.
Parce que lorsqu’elle parlait d’ostéopathie, cela paraissait toujours simple et évident, alors que lorsque mes maîtres français en parlaient, ce n’était pas toujours aussi évident. Il faut dire qu’ils n’avaient que quelques années d’antériorité par rapport à nous. »

Le contact direct avec les fondamentaux est une étape importante dans l’évolution de Pierre Tricot. En effet, sa formation pouvait contenir l’ensemble du répertoire technique et philosophique encore enseigné dans nos écoles.
Pourtant, Pierre Tricot nous souligne un point important : l’ostéopathie de 1971 diffère de celle d’aujourd’hui.

« A cette époque (et dans ma formation), on parlait pas d’une globalité de l’individu mais d’une globalité essentiellement corporelle.»

En effet, l’ostéopathie est une profession qui ne cesse de croître, que ce soit en nombre de professionnels qu’en richesse philosophique.

Là encore, il faut souligner un élément cher à Pierre Tricot.
L’ostéopathie est plus qu’une simple technique ou encore qu’une profession; c’est un art d’être et de vivre.

« L’ostéopathie, ce n’est pas n’importe quoi. Un ostéopathe, ce n’est pas n’importe qui. Il doit avoir un niveau éthique et un regard autre sur l’homme car l’ostéopathie, si on la pratique vraiment, c’est un parcours initiatique. C’est plus qu’un job, c’est une façon d’être. La vision de l’ostéopathie est une philosophie qui se construit sur le temps. Il n’y a pas de rupture entre le moment où l’on devient ostéopathe et le moment où l’on est ostéopathe. Il faut passer de la notion de globalité du corps à la globalité de l’être. »

Ainsi Pierre Tricot envisage l’ostéopathie comme un parcours initiatique , ce qui l’incorporerait dans la démarche de construction personnelle.
Lors de notre rencontre, Pierre Tricot a attiré notre attention sur la différence entre la médecine conventionnelle et la médecine non conventionnelle. Cette différence serait dans la nature même de la vision de la maladie et dans la recherche de la guérison. Le médecin se centrant sur la maladie, l’ostéopathe plutôt sur la recherche et de la santé.

« La médecine contemporaine est dans le domaine des effets plus que des causes : qu’est-ce qui fait qu’un être sain devient malade? C’est à cela que Still cherchait à répondre »

« On parle là de la cause primordiale de la maladie, c’est-à-dire pourquoi un être sain tombe malade alors qu’un autre être sain au même endroit ne tombe pas malade?»

Ce que Pierre Tricot cherche à nous expliquer est la différence entre la médecine holistique et allopathique, séparant ainsi la médecine conventionnelle de l’ostéopathie au travers de leur conception du soins et de leur approche thérapeutique.

En incluant le patient dans une démarche de globalité (corps/esprit/âme) en perpétuel mouvement, l’ostéopathe (thérapeute holistique) recherche la ou les causes du mal-être de son patient afin de les corriger, ce qui induit la levée de la symptomatologie.

« Une séance d’ostéopathie est une discussion entre l’ostéopathe, le patient et ses propres tissus. »

Remerciements à Pierre Tricot

 vidéo disponible sur le lien ci-dessous:

Discussion avec Pierre Tricot

 

 

Pour en savoir plus  http://www.approche-tissulaire.fr/

 Pierre-Adrien LIOT