La Recherche et L’Ostéopathie

Cette semaine Ostéopathe Magazine nous présente un article exclusif tiré du prochain magazine. Celui-ci  sera basé sur la posturologie et la recherche en Ostéopathie, dont voici la couverture!

Osteomag-25-COUV-FEDEO

La Recherche et L’Ostéopathie: un avenir prometteur

Pour sa 3e édition, le congrès de la FROP (Formation et Recherche en Ostéopathie Pédiatrique) a voulu confronter la pratique en ostéopathie pédiatrique avec la recherche scientifique.

Ce congrès s’est tenu à Bordeaux du 19 au 21 février. Les deux premiers jours étaient consacrés à des ateliers. La journée du 21 à des conférences.

Avec pour thème, L’ostéopathie convoque les neurosciences autour du développement de l’enfant, le congrès avait pour finalité de relier pratique ostéopathique et recherche scientifique.

L’une des conférences a parfaitement illustré cette thématique. Elle mettait en avant une approche primordiale pour la recherche ostéopathique : la mixité.

Une mixité à plus d’un titre, car cette intervention était animée par un homme et une femme, un ostéopathe et une scientifique. Agnès Nadjar et Stéphane Fernandez ont mis en scène un dialogue entre une chercheuse en neurosciences et un ostéopathe clinicien.

L’ostéopathe présentait sa pratique et la chercheuse y trouvait des réponses dans ses travaux sur l’activité des cellules microgliales du cerveau. L’ostéopathie questionne, la recherche solutionne… Et non pas l’inverse.

La recherche est une pratique rationnel, loin des habitudes de l’ostéopathie, cependant Sarah Didier nous souligne que ces deux pratiques sont différentes, mais pas exclusives

Elle nous explique lors d’une conférence que notre cerveau est à l’image de cette dichotomie. Si le cerveau droit est émotionnel, le cerveau gauche sera plus rationnel, mais rassure-t-elle :

« il est possible de passer de l’un à l’autre et c’est le cas lorsque l’ostéopathe ferme la porte de son cabinet pour participer à un travail de recherche ». Sarah Didier

Fanny Vivies, ostéopathe, a prouvé son habileté à jongler avec ses deux cerveaux à travers son protocole de recherche sur l’allaitement : NEOSTEO, Une étude qui a bénéficié d’un financement dans le cadre d’un PHRC. Chose rare en ostéopathie.

Parlons un peu de cette étude, NEOSTEO : une étude à boire comme du petit lait.
Comment relier échec de l’allaitement maternel et d’éventuels troubles de la succion déglutition chez le nourrisson pour mettre en évidences des dysfonctions spécifiques chez le nouveau-né ?

Parlons d’abord du problème de départ:

Le taux d’allaitement exclusif en France était de 43 % en 1987. Il a augmenté pour atteindre 60 % en 2004.

Ce chiffre reste stable et en 2007 le taux de l’allaitement en sortie de maternité était de 66,7 %. Mais il chute fortement ensuite, et après six mois, il n’est plus que de 28,3 %.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette baisse de l’allaitement maternel. Des facteurs extrinsèques d’une part : modalités de la délivrance, forme du mamelon, poids de naissance, etc. Des facteurs environnementaux, socioéconomique ou socioprofessionnel, d’autre part.

Parmi ces facteurs de risque, un possible mauvais positionnement précoce au sein est envisageable. On peut se demander s’il existe une corrélation entre l’échec de l’allaitement maternel et d’éventuels troubles de la succion déglutition chez le nourrisson. Si c’est le cas, peut-on mettre en évidence des dysfonctions spécifiques de la succion-déglutition chez le nouveau-né ?

Fanny Vives, ostéopathe, a mis en place l’étude NEOSTEO. Son objectif : évaluer l’efficacité, la tolérance et la sécurité d’un traitement ostéopathique précoce dans la prise en charge des CNOS (Comportements non optimaux au sein), douleurs aigues et crevasses.

Pour y répondre c’est le format  en double aveugle versus placebo qui sera exploité.

Cette étude se déroule actuellement au CHU de Nantes. Les initiateurs sont Fanny Vivies, ostéopathe DO, Sophie Denizot, médecin hospitalier et Arnaud Legrand, méthodologiste.

L’investigateur est Jean Baptiste Müller, médecin au CHU de Nantes.

Rappelons  que NEOSTEO a bénéficié d’un financement dans le cadre d’un PHRC. Elle est donc financée par le Centre Hospitalier Universitaire de Nantes. Mais également par la FROP, FOREOS et la SEROPP (ce sont des organismes de recherche)

C’est une étude interventionnelle, contrôlée, randomisée en double aveugle versus placebo. Mais avant le lancement de NEOSTEO, une étude pilote appelée DIACNOS a été mise en place pour déterminer les critères de mesure qui seront utilisés.

Elle a permis d’investiguer la valeur pronostique de l’outil d’évaluation du comportement d’un optimal d’allaitement au sein IBFAT (Infant Breastfeeding Assessement Tool) à 1 mois.

L’incidence des CNOS (Comportements non optimaux au sein) a également été évaluée à J+3 pour définir quelles seront les dyades mères-enfants qui pourront participer à l’étude. L’incidence des CNOS à J+3 a ainsi pu être estimée à 35,9 % au CHU de Nantes.

C’est une première au niveau européen, ces dyades* mère/enfant présentant des difficultés d’allaitement ont donc pu être screenées en sortie de maternité et incluses dans l’étude. Les dyades* ont été soumises au protocole de prise en charge. L’enfant a donc reçu un traitement ostéopathique ou un traitement placebo.

Un mois plus tard, un entretien téléphonique était programmé pour savoir si l’allaitement exclusif était poursuivi ou non.

Une échelle de satisfaction EVA a également été remplie par les mères pour décrire l’allaitement ainsi que l’état de santé du bébé.Un autojournal (questionnaire maternel) est également recueilli.

L’expérimentation est en cours et 128 patients seront nécessaires pour étayer l’hypothèse de travail.

Les travaux avances et les résultats ne tarderons pas à être publiés, notons cependant que NEOSTEO est la première recherche biomédicale européenne à haut niveau de preuve sur l’ostéopathie pédiatrique!

Cette évaluation scientifique à haut niveau de preuve sera, à n’en pas douter, bénéfique à la reconnaissance de l’ostéopathie, médecine non conventionnelle », déclare Fanny Vivies.

Ce que nous montre cette étude est double, d’une part elle tente de démontrer l’efficacité de l’ostéopathie pédiatrique et d’autre part elle nous démontre que la recherche en Ostéopathie est possible et amène à des résultats. Tout cela  est encourageant pour l’avenir de notre profession!

 

Adaptation de la FédEO de l’article « Recherche et ostéopathie le duo gagnant » de Reza Redjem-Chibane
parution le 24/04/2015 sur http://www.osteomag.fr